Les Misérable de Victor Hugo Tome 1
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" La nature mêle quelquefois ses effets et ses spectacles à nos actions avec une espèce d'à propos sombre et intelligent, comme si elle voulait nous faire réfléchir. Depuis près d'une demi heure, un grand nuage couvrait le ciel. Au moment ou Jean Valjean s'arreta en face du lit, ce nuage se déchira, comme s'il l'eut fait exprès, et un rayon de lune , traversant la longue fenetre, vint éclairer subitement le visage pâle de l'êvèque. Il dormait paisiblement. Il était presque vêtu dans son lit, à cause des nuits froides des Basses Alpes, d'un vêtement de laine brune qui lui couvrait les bras jusqu'aux poignets. Sa tete était renversée sur l'oreiller dans l'attitude abandonnée du repos ; il laissait pendre hors de lui sa main ornée de l'anneau pastoral et d'où étaient tombées tant de bonnes oeuvres et de saintes actions. Toute sa face s'illuminait d'une vague expression de satisfaction, d'espérance et de béatitude. C'était plus qu'un sourire et presque un rayonnement. Il y avait sur son front l'inexprimable réverbération d'une lumière qu'on ne voyait pas. L'âme des justes pendant le sommeil contemple un ciel mystérieux.Un reflet de ce ciel était sur l'évêque.C'était en meme temps une transparente lumineuse, car ce ciel était au dedans de lui. Ce ciel, c'était sa conscience. Au moment où le rayon de lune vint se superposer, pour ainsi dire, à cette clarté intérieure, l'évêque endormi apparut comme une gloire. Cela pourtant resta doux et voilé d'un demi jour ineffable. Cette lune dans le ciel, cette nature assoupie, ce jardin sans un frisson, cette maison si calme, l'heure, le moment, le silence ,ajoutaient je ne sais quoi de solennel et d'indicible au vénérable repos de ce sage, et envelopaient d'une sorte d'auréole majestueuse et sereine ces cheveux blancs et ces yeux fermés, cette figure où tout était confiance, cette tête de vieillard et ce sommeil d'enfant.
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Il y avait presque de la divinité dans cet homme