Les liaisons dangereuses, freud
La tâche n’était pas sans difficulté eu égard à la longueur du roman et du peu de temps que dure un film. A cet égard, les choix de réalisation sont intéressants, car ils conservent les moments clefs et des enjeux majeurs de l’œuvre originale. Le monologue de Madame de Merteuil sur l’apprentissage de la simulation de ses expressions et du rôle de la femme dans la société est particulièrement appréciable au regard de son écho actuel, où l’émancipation des femmes est permise par leur éducation. Ce passage est d’autant plus important qu’il est révélateur du caractère ambivalent de Madame de Merteuil : fière, mais minée par ses faiblesses, qu’elle apprend à contrôler pour se forger sa place dans la société. Le rôle de l’éducation dans l’affranchissement des femmes est évoqué par Simone de Beauvoir …afficher plus de contenu…
Mais comment parler d’amour quand la relation entre Madame de Tourvel et le Vicomte est fondée sur un mensonge (pour tenter de la séduire), des baisers non consentis, et quand ce sentiment ne rend ni l’un ni l’autre heureux ? La pudeur américaine de Frears retire à l’œuvre originale la portée universelle du choix entre désir et sentiment, au profit du seul enjeu résidant entre amour et société. Enfin, cette pudeur apparaît aussi dans le scénario du film, qui se détache de l’œuvre originale et propose une fin alternative. On assiste de fait à un « happy ending » américain où les méchants sont punis et les innocents épargnés, révélateur d’une époque. En ce sens, le film incarne la critique de la dépravation, ici de