L'etat doit il s'occuper du bonheur des citoyens
« L’Etat doit-il s’occuper du bonheur des citoyens ? »
Dans Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, l’Etat mondial administre à ses sujets la « Soma » comprimé distribué au travail dont l’ingestion garantit aux personnes le bonheur individuel. Le roman dystopique suggère …afficher plus de contenu…
En outre, l'Etat est un tiers garant poursuivant l’intérêt général, pourtant étranger au bonheur des citoyens.
Toutefois, ce dernier s’est imposé comme objectif de politiques publiques. Historiquement, l’avènement de l’Etat social puis de l’Etat-providence s’est traduit par l’apparition du bonheur des citoyens parmi les finalités assignées à l’Etat. Dans la période contemporaine, cette ambition a connu un second souffle. L’affirmation de la demande d’égalité emporte la multiplication des revendications du droit au bonheur individuel. Les préoccupations en matière de sécurité, dans un contexte de menace terroriste, nourrissent également des attentes sociales à l’égard de l’Etat, qui devrait en ce sens prendre en charge le bonheur des …afficher plus de contenu…
Ainsi, le bonheur des citoyens peut-il être un objectif de politique publique sans méconnaître l’intérêt général et les libertés individuelles ? 2
Si l’Etat doit surplomber les intérêts particuliers afin de poursuivre l’intérêt général, il a pu nourrir l’ambition de s’occuper du bonheur des citoyens (I). Mais le bonheur est une affaire privée dans laquelle l’Etat ne saurait s’immiscer sans risques, et son rôle doit se borner à créer les conditions du bonheur individuel sans dissoudre la citoyenneté (II). * * * L’Etat doit d’abord jouer le rôle de tiers pour transcender les intérêts particuliers (A), mais le bonheur des citoyens s’est progressivement inscrit au nombre de ses missions