Lettre aux capitaines
La charge de capitaine & la vocation de Jean-Marie Grach
Maslacq, 27 Septembre 1942 «L'action véritable s'exerce par ce qu'on est »… Voici la rentrée qui approche et elle ne sera pas moins difficile que l’année dernière, car vous aurez beaucoup de camarades nouveaux. Notre installation actuelle nous réunit tous en une seule maison trop nombreuse, alors que nous devrions former deux maisons. Cependant, il faut que le départ soit bon, sans quoi c’est toute l’année qui sera compromise. Aussi, je veux vous donner par écrit mes instructions, afin qu’il n’y ait pas d’incertitude possible. Je vous mettrai d’abord en garde contre les dangers de votre fonction. Il y a, en première ligne, les dangers des petits privilèges qu’on vous concède et que vous interprétez volontiers comme une liberté plus grande à laquelle vous croyez avoir droit. Rien n’est plus faux. Votre fonction est un service. Vous devez être plus exigeants pour vous-même que pour les autres. Jamais vous ne réussirez à créer une véritable discipline si vous vous permettez ce que vous refusez aux autres. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont jamais été habitués à se contraindre, inconsciemment ils cherchent avant tout à faire ce qui leur plaît. Si aux Roches, nous ne réussissons pas à corriger cette tendance, nous manquons à notre mission et nous sommes
perdus. Je veux des capitaines qui soient les plus exacts, les plus travailleurs, les plus disciplinés, les plus soucieux de l’ordre à tous points de vue. Je vous préviens qu’il m’arrivera souvent de vous refuser ce que vous me demanderez. Vous l’accepterez si vous réfléchissez que je dois avoir toujours en vue l’intérêt général de la communauté, qui vous échappe souvent. Je ne veux pas de récriminations, mais une obéissance joyeuse. Songez à autre chose qu’à vous. Rappelez-vous l’admirable page sur la discipline que le Capitaine de Bary avait extraite pour vous du règlement de l’armée et