Britannicus, racine (acte ii, scène 2)
Jean Racine
Comment le récit de l’enlèvement de Junie révèle-t-il de la part de Néron un amour ambigu ?
« L’amour, c’est lorsque l’affection résiste à la satisfaction du désir.»
Cette citation de Romain Guilleaumes illustre parfaitement la scène 2 de l’acte II de Britannicus dans laquelle Néron semble osciller entre amour et attirance pour Junie.
Dramaturge aujourd’hui célèbre, Racine écrivit Britannicus en 1669. Cette œuvre est construite sur le modèle Racinien, selon lequel les personnages sont incapables d’aimer la bonne personne. Par ailleurs, le pouvoir joue toujours un rôle important dans les œuvres de cet auteur.
La scène 2 de l’acte II relate l’enlèvement de Junie, et nous allons chercher à savoir en quoi ce récit révèle l’amour ambigu de Néron pour cette femme.
Pour cela nous étudierons dans un premier temps la présence de sentiments amoureux chez Néron avant de nous intéresser à son caractère pervers et malsain qui refait surface.
Au premier abord, on pourrait penser que Néron tombe amoureux : il est en effet méconnaissable tant il semble candide.
On constate d’abord qu’il y a une opposition entre ce que Néron souhaiterait faire, et ce qu’il est capable de faire. « J’ai voulu » s’oppose en effet à « ma voix s’est perdue », montrant ainsi que les sentiments rendent Néron complètement impuissant et incapable de se maîtriser.
Par ailleurs, on sent le personnage légèrement perdu et emprunt au doute, lorsqu’il admet son incapacité : « Je ne sais ». Il est complètement troublé par cette femme qui lui fait perdre tous ses moyens.
Ce trouble est renforcé par l’incertitude qui transparaît par exemple lorsqu’il dit « Je croyais » : il est dans le doute car cette femme ébranle ses certitudes.
Cependant, Néron tombe dans l’excès amoureux.
Une allitération en J s’ajoute à une assonance en I : « J’idolâtre Junie ». On peut penser que le personnage de Néron se plait à faire un rapprochement entre ces deux mots si