Lettre CLXI - Montesquieu, Lettres persanes
Les Lettres persanes de MONTESQUIEU sont parues pour la première fois en 1721, dans un contexte politique et économique désastreux. La seconde parution de 1758 contient quelques modifications. Avec l’ajout de onze lettres. Ici nous sommes en présence de la Lettre CLXI écrite par Roxane et envoyé à Usbek. C’est la lettre finale de l’œuvre puisqu’elle est la dernière, mais elle ne fait office que d’un excipit (ou explicit) physique : elle termine l’intrigue concernant le sérail. C’est la Lettre CXLVI qui est l’excipit chronologique. En effet, la Lettre CLXI est datée du “8 de la lune de Rebiab 1, 1720“ quand la Lettre CXLVI date du “11 de la lune de Rhamazan“, donc respectivement du 8 mai et du 11 novembre. La Lettre CXLVI est donc la réponse de la Lettre
CLXI.
Le livre raconte l’histoire de deux Persans venus étudier et visiter la France, et notamment Paris. C’est donc à travers ses personnages que MONTESQUIEU fait une critique acerbe et caustique de la France du début des années 1700. Le présent texte est une lettre testamentaire de Roxane : elle y fait ses aveux à Usbek. Elle lui avoue – avant de disparaître - qu’elle l’a trompé.
C’est donc en quelque sorte une vengeance de sa part. Cette lettre parle donc d’une héroïne romanesque qui se suicide. C’est une histoire qui est revenue de nombreuses fois dans la littérature, et ce depuis l’Antiquité. Ce topos tragique concerne des héroïnes comme Antigone, Phèdre ou bien Lucrèce pour la littérature antique. Antigone s’est pendue dans la tombe où elle a été enterrée vivante, Phèdre s’est poignardée dans l’histoire originale et Lucrèce s’est empoisonnée. Dans la littérature moderne, on peut citer Emma Bovary (Madame Bovary de GUSTAVE FLAUBERT), Manon Lescault ou Madame de Tourvielle (Les Liaisons dangereuses de CHODERLOS DE LACLOS). Le suicide donne une dimension sublime à l’héroïne. Le choix du poison n’est pas anodin : pour l’époque de parution, ce moyen permet de ne pas choquer le