L'inconscient exclut-elle celle de liberté?
En cela, les êtres humains se distinguent des autres qui sont privés de conscience ou en disposent à un degré inférieur. Seule l’humanité aurait ainsi pour privilège de pouvoir se rendre compte de ce qu’elle pense, de ses actes, pour tout dire d’elle-même et du monde environnant. La conscience réfléchie élèverait l’homme au-dessus du reste de la nature qui serait privée d’une telle faculté. Plongée dans une inconscience relative, cette nature sommeillerait dans les déterminismes de la matière et pour les vivants, dans les automatismes de l’instinct. D’une certaine manière, la conscience nierait la nature et avec elle, l’inconscience d’un monde livré à la seule répétition de lois universelles, de ses dispositions héréditaires si on veut parler plus exactement des vivants. Certes, on peut alléguer avec Bergson …afficher plus de contenu…
Si nous renonçons en effet à toutes les métaphores représentant le refoulement comme un choc de forces aveugles, force est bien d'admettre que la censure doit choisir et, pour choisir, se représenter. D'où viendrait, autrement, qu'elle laisse passer les impulsions sexuelles licites, qu'elle tolère que les besoins (faim, soif, sommeil) s'expriment dans la claire conscience ? Et comment expliquer qu'elle peut relâcher sa surveillance, qu'elle peut même être trompée par les déguisements de l'instinct ? Mais il ne suffit pas qu'elle discerne les tendances maudites, il faut encore qu'elle les saisisse comme à refouler, ce qui implique chez elle à tout le moins une représentation de sa propre activité. En un mot, comment la censure discernerait-elle les impulsions refoulables sans avoir conscience de les discerner ? Peut-on concevoir un savoir qui serait ignorance de soi ? Savoir, c'est