L'irreversible
L’irréversible
Chacun a eu, un jour ou l’autre, envie de remonter le temps, soit pour revivre un moment passé
(« car toute joie veut l’éternité » dit Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra, IV, « le chant d’ivresse ») soit pour modifier un événement passé. Mais alors que signifierait ce retour en arrière ?
Supposons que nous fassions tomber une bouteille en plastique que nous avions remplie d’eau.
L’eau se répand sur le …afficher plus de contenu…
L’irréversible n’est plus l’attribut du temps, mais la temporalité même : il est vécu comme une tragédie, un scandale. La question est alors de comprendre ce refus paradoxal du temps, cette nostalgie qui nous pousse à préférer ce qui n’est plus à ce qui sera, et de trouver le remède à l’inconsolable de l’irréversible. N’est-ce pas justement parce que le temps est irréversible, qu’il est créateur ?
La raison fondamentale de l’irréversibilité du temps est que, si après que l’homme a posé un acte qui le change spirituellement en bien ou en mal, le simple mécanisme du retour du temps pouvait le ramener à une situation antérieure, la responsabilité spirituelle n’aurait plus aucun sens. C’est …afficher plus de contenu…
Que nous allions du passé vers l'avenir, ou que ce soit l'avenir qui vienne vers nous et tombe dans le passé, le présent étant la charnière de ce passage, il faut aussi dire que passé et avenir ne sont pas semblables, ne sont pas de même nature.
Jankélévitch affirme dans L’irréversible et la nostalgie cette irréversibilité du temps comme quelque chose d'ontologique. «L'irréversibilité n'est pas un caractère du temps parmi d'autres caractères, il est la temporalité même du temps ... l'irréversible définit le tout et l'essence de la temporalité et la temporalité seule ... Le devenir n'est pas sa manière d'être, il est son être