Litté
Tout être humain possède une propriété qui le définit en propre et le distingue des autres vivants : la conscience, en tant qu’elle est réfléchie. Cette propriété définit une identité, un « je » universels. Elle ne me renseigne guère sur l’être singulier que je suis. La conscience constitue mon identité d’être humain mais elle ne suffit à définir le moi empirique que je suis – ce moi empirique, singulier dont la psychanalyse a souligné la fragilité car il est en construction incessante au cours du temps. Comme tout être l’homme vit dans le temps, mais contrairement aux autres êtres, l’homme a conscience du temps qui passe et des changements qui l’affectent. La conscience du temps l’amène à s’interroger sur son identité.
I TEMPS ET IDENTITE
L’homme est un vivant, ce qui signifie qu’il naît, grandit, vieillit, meurt. Il ne cesse de changer au cours du temps au point que l’on peut se demande ce qui fait l’unité d’une personne, son identité propre. Une personne est-elle vraiment la même tout au long de son existence ?
1.1) La mémoire et le temps
Le moi est un être temporel, qui change au cours du temps. Mes caractéristiques particulières sont si changeantes dans le temps que Pascal dans les Pensées les qualifie de « qualités empruntées » : « comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ? ». Qualités physiques (beauté), ms aussi qualités morales (mémoire, jugement) et sociales. « Où est donc ce moi ? ». Supposer comme le fait Descartes une substance qui se tienne sous les qualités qui me caractérisent et me différencient des autres ne m’apprend rien sur moi en tant qu’être singulier et empirique. M’aimer parce que je suis une substance pensante, c’est aimer l’humanité en général, mais pas moi en particulier. Vanité du moi qui est insaisissable.
On peut alors en venir à considérer comme Hume dans le Traité de la nature humaine que je ne suis « qu’un