Littérature Fin de partie, pièce écrite par Samuel Beckett, joue avec le souvenir des règles structurelles de la tragédie. Beckett respecte la règle des unités : en effet, la pièce se déroule dans un lieu unique, et le temps des personnages est le même que celui des spectateurs. Beckett joue également avec la règle des bienséances et de son corrélat, le récit dans le théâtre, qui permet d'éviter de montrer sur scène « ce qu'on ne doit point voir » (Boileau). De plus, nous pouvons constater que le registre tragique est plus ou moins omniprésent dans la pièce. Aussi, quelle est la place du tragique dans Fin de partie et quelle est son importance ? Pour approcher la question, dans un premier temps, nous analyserons sa place puis dans un second temps, nous verrons en quoi le registre tragique est un facteur essentiel de la pièce.
I] Fin de partie, entre tragique et tragédie.
a) Un registre révélateur.
Il faut bien distinguer la notion de tragique, registre qui suscite terreur et pitié face au spectacle d'un personnage en proie à un conflit inévitable et insoluble en raison de la fatalité, et celle de tragédie comme genre défini par des règles dramaturgiques strictes.
La vision d'un monde qui avance inéluctablement vers la mort est tragique. L'histoire du peintre fou, qui voit des cendres en lieu et place d'une nature généreuse, est symptomatique. Les personnages sont gagnés par le froid, et sont impuissants à agir : « Tout s'est fait sans moi », dit Hamm. Ils semblent en proie à une fatalité qui les condamne à être là, ensemble, malgré le désir affiché d'être ailleurs, libérés de relations qui les entravent. Mais « [on est] sur terre, c'est sans remède ».
Les personnages sont en perpétuelle souffrance, ils attendent la mort avec impatience, celle-ci est vu comme un soulagement. Ainsi les personnages haïssent leurs existences, notamment Hamm qui ne supporte plus la vie comme le montre le passage p.17. La mort est omniprésente, nous pouvons d’ailleurs