Lobby de tabac
Nicolas Sarkozy, lors d'une visite éclair à Kaboul, le 20 août 2008.AFP/OLIVIER LABAN-MATTEI
La France restera engagée en Afghanistan "jusqu'à la fin", déclare en janvier 2010Bernard Kouchner, alors ministre des affaires étrangères, recevant à Paris le secrétaire américain à la défense, Robert Gates. Les documents obtenus par WikiLeaks et consultés par Le Monde montrent que ce message a été constamment envoyé aux Américains : la France sera en Afghanistan un allié sur la longue durée.
Mais ils montrent aussi à quel point des considérations d'ordre électoral, et le souci de ménager l'opinion publique française, ont pesé sur l'approche de Nicolas Sarkozy. Préoccupé par l'impopularité de cette guerre, l'Elysée incite Washington à multiplier les déclarations publiques assurant que les alliés européens sont bel et bien consultés sur la stratégie d'ensemble.
C'est notamment le cas en 2008, alors que M. Sarkozy a décidé d'envoyer environ 1 000 soldats supplémentaires (le contingent est aujourd'hui officiellement de 3 750 hommes). "Tous les officiels français ont demandé que les Etats-Unis aident à convaincre l'opinion publique" que "les alliés ont une influence sur la stratégie civile et militaire", écrit l'ambassade américaine le 28 octobre.
MÉNAGER CEUX QUI ONT CRITIQUÉ LE RETOUR DANS L'OTAN
La demande devient plus pressante encore après la mort de dix soldats français tombés dans une embuscade dans la vallée d'Ouzbine, en août 2008, qui provoque une onde de choc. Les télégrammes ne dévoilent pas les dessous de ce drame, mais mentionnent une livraison en urgence de "50 postes de radios supplémentaires " américains aux troupes françaises.
A l'automne 2009, l'administration Obama demande aux alliés de nouvelles contributions de troupes. M. Sarkozy répond par la négative. "Pas un seul soldat combattant" de plus, dit-il à la télévision. Les conseillers de l'Elysée expliquent à leurs interlocuteurs américains