Log Book Pri Re Au Soleil LA12
Soleil, délivremoi de la gravité. Lave mon sang de ses humeurs épaisses qui me protègent certes de la prodigalité et de l’imprévoyance, mais qui brisent l’élan de ma jeunesse et éteignent ma joie de vivre. Quand j’envisage au miroir ma face pesante et triste d’hyperboréen, je comprends que les deux sens du mot grâce
celui qui s’applique au danseur et celui qui concerne le saint puissent se rejoindre sous un certain ciel du Pacifique. Enseignemoi l’ironie. Apprendsmoi la légèreté, l’acceptation riante des dons immédiats de ce jour, sans calcul, sans gratitude, sans peur.
Soleil, rends moi semblable à Vendredi. Donnemoi le visage de Vendredi, épanoui par le rire, taillé tout entier pour le rire. Ce front très haut, mais fuyant en arrière et couronné d’une guirlande de boucles noires. Cet oeil toujours allumé par la dérision, fendu par l’ironie, chaviré par la drôlerie de tout ce qu’il voit. Cette bouche sinueuse aux coins relevés, gourmande et animale. Ce balancement de la tête sur l’épaule pour mieux rire, pour mieux frapper de risibilité toutes choses qui sont au monde, pour mieux dénoncer et dénouer ces deux crampes, la bêtise et la méchanceté…
Mais si mon compagnon éolien m’attire ainsi à lui, n’estce pas pour me tourner vers toi ? Soleil estu content de moi ? Regardemoi. Ma métamorphose vatelle assez dans le sens de la flamme ? Ma barbe a disparu dont les poils végétaient en direction de la terre, comme autant de radicelle géotropiques. En revanche ma chevelure tord ses boucles ardentes comme un braiser dressé vers le ciel. Je suis une flèche dardée vers ton foyer, un pendule dont le profil perpendiculaire définit ta souveraineté sur la terre, le style du