Lorenzo : un rôle féminin ?
Proposition de plan

Introduction Le 3 décembre 1896, au théâtre de la Renaissance, Sarah Bernhardt crée, à 52 ans, le rôle de Lorenzaccio : Une tradition, est ainsi fondée : faire jouer le rôle équivoque par une femme, écrit Anne Ubersfeld, qui dénonce l’effet pervers de cette interprétation : souligne[r] fâcheusement sa subjectivité au détriment de sa pensée et de son action. La question se pose donc de savoir si cette incarnation du héros du drame romantique de Musset par un travesti trahit ou non le portrait que paroles et actions brossent du personnage énigmatique dans le texte de l’auteur. Après avoir vu ce qui, dans la pièce, justifie un tel choix, nous nous demanderons dans quelle mesure priver le personnage de sa virilité, ce n’est pas s’interdire de comprendre l’ambivalence de son acte, politique et existentiel.

I- Outre la tradition du travesti, qui perdure et renvoie au goût de Lorenzo pour l’inversion, on peut justifier l’interprétation du rôle de Lorenzaccio par une actrice en s’appuyant sur l’androgynie du personnage. 1- On remarquera d’abord qu’en dépit du clivage, à partir de la performance de Gérard Philipe, entre les silhouettes gracile ou vert-de-grisé de Marguerite Jamois et de Renée Falconetti, héritière de la tradition inaugurée par Sarah Bernhardt en 1986, il n’y a pas solution de continuité entre l’incarnation du personnage de Lorenzo par des actrices, de la mise en scène de d’Artois à celle de G Baty en 1945 et son interprétation par des acteurs, de Gérard Philipe à Jérôme Kircher en passant par Jan Triska, Redjep Mirovitsa ou Francis Huster. En effet si Sarah Bernhardt, qui retourne la longue tradition du travesti féminin dans le théâtre occidental, aime incarner des rôles masculins comme l’Aiglon, Hamlet ou Lorenzaccio, son intention n’est nullement de les féminiser. Les critiques contemporains de sa performance ont du reste insisté sur la crédibilité de l’actrice dans le rôle : «