Ma bohème rimbaud
Les termes «je m’en allais», «J’allais», «j’égrenais dans ma course», «assis au bord des routes» appartiennent au champ lexical de l’errance sur les routes. On peut d’ailleurs ajouter la périphrase poétique «Mon auberge était à la Grande-Ourse», ce qui est une façon de dire que le poète dort à la belle étoile. Enfin, le titre «Ma bohème» évoque à lui seul une vie de vagabondage.
Les vers «Mon paletot aussi devenait idéal» (le paletot est à ce point usé qu’il n’en est plus que l’idée), «Mon unique culotte avait un large trou» relèvent davantage du thème de la pauvreté. On peut aussi citer les «souliers blessés» (ce sont en fait les pieds qui sont blessés. C’est une métonymie).
Les sentiments associés à ce vagabondage sont des sentiments de joie, de bonheur, ce que confirment les interjections et les phrases exclamatives : «Oh ! Là ! Là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !». Le vocabulaire mélioratif («doux», «bon») souligne cette joie.
C'est un sonnet, qui évoque les fugues du poète. Rimbaud y peint son autoportrait en coureur de chemins, ivre d'espace et de liberté. La nature, image féminine et fantastique, l'accueille et le protège comme une mère. Son bonheur, c'est la poésie. Et nous verrons qu'on peut aussi lire ce sonnet comme un petit manifeste théorique de Rimbaud sur sa conception de la poésie, une sorte d'art poétique.
· Un vagabond : Rimbaud se plaît à se décrire en vagabond. Ses vêtements sont élimés (son "paletot" était si usé qu'il n'était plus qu'une "idée" de paletot (vers 2)). Ses poches sont "crevées" (v.1). Son pantalon est troué (v.5). Ses souliers sont abîmés par la marche (v.14). La comparaison avec le petit Poucet (vers 6) suggère l'errance. Le vers 7 indique qu'il dort à la belle étoile. On peut se demander dans quelle mesure cet auto-portrait est réaliste;