Machiavel
En 1513, à la différence de la France, de l’Angleterre ou de l’Espagne (royaumes unifiés en voie de se constituer en Etats modernes), l’Italie agrège une multitude de petits territoires sous l’influence de villes indépendantes comme Urbino, Ferrare, Pise, Sienne etc., qui passent une bonne partie de leur temps à se faire la guerre. Ces cités connaissent des régimes politiques variés, depuis la monarchie (Naples) jusqu’à la démocratie (Florence) en passant par la république oligarchique (Venise) ou encore la théocratie (Rome). Des Alpes à la Sicile, de la Corse à l’Adriatique, on parle (presque) la même langue, on vénère le même Dieu, on a les mêmes coutumes, les mêmes vêtements, les mêmes habitudes alimentaires et pourtant, l’Italie présente un territoire morcelé.
Parmi toutes ces villes, quatre se distinguent particulièrement : À l’époque, l’Eglise jouit d’un très grand pouvoir spirituel mais aussi temporel. Elle n’hésite pas à exercer un poids financier et militaire (Rome gouverne ses propres provinces, la région du « Latium », et les premières compagnies dont dispose Cesare Borgia appartiennent aux armées pontificales). La domination de l’Eglise ne vacille pas encore sous le coups du protestantisme (il ne fleurira qu’en 1517 avec la publication des quatre-vingt quinze Thèses de Luther) et de l’astronomie (Giordano Bruno ne soutient l’hypothèse de l’homogénéité de l’Univers infini qu’en 1584, et il faut attendre 1630 pour que Galilée porte un coup fatal à la physique d’Aristote).
Depuis le milieu du siècle précédent, Florence est gouvernée par la famille des Médicis (successivement Côme, Pierre et Lorenzo). Ces aristocrates s’opposent aux familles Pazzi et Strozzi, plutôt républicaines (cette rivalité dure jusqu’en 1550, voir Lorenzaccio de Musset). Lorenzo de Médicis, dit « le Magnifique », gagna son surnom par le patronage important qu’il consacra aux arts et aux