L'Eglise et la science s'allient contre l'avortement Le projet de libéralisation de l'IVG que prépare le gouvernement donne lieu à une campagne hargneuse de la part des milieux conservateurs. Depuis le 16 mars, on peut voir dans les rues de 37 villes espagnoles des affiches représentant un lynx et un bébé. Sur l'animal est tamponnée la mention "espèce protégée". A côté de l'enfant figure la phrase : "Et moi ? Protège ma vie !" Sous-entendu, les animaux sont mieux protégés que les embryons humains. Cette campagne offensive a été lancée par la Conférence épiscopale espagnole en réponse au projet de libéralisation de l'avortement que prépare le gouvernement. Comme le rappelle le quotidien de centre gauche El País, "l'avortement reste un délit en Espagne [même si les patientes et les médecins sont rarement poursuivis], hormis dans trois cas : viol, malformations du fœtus et danger pour la mère". Le nouveau texte, que la ministre de l'Egalité, Bibiana Aído, entend finaliser avant l'été, rendrait l'IVG entièrement légale jusqu'à la quatorzième semaine de grossesse. Il pourrait aussi permettre aux mineures de plus de 16 ans d'avorter sans le consentement de leurs parents, comme c'est déjà le cas en France et dans d'autres pays occidentaux. Le 17 mars, un millier de scientifiques et de professeurs d'université ont signé une déclaration, le manifeste de Madrid, par laquelle ils entendent rappeler que "la vie humaine commence dès la fécondation". Leurs arguments, qu'ils présentent comme exclusivement scientifiques et non idéologiques, visent à montrer que "l'avortement, en tant qu'atteinte contre la vie dans les premières phases de son développement, ne peut être un droit pour personne", comme le résume l'une des signataires, la professeure de bioéthique Mónica López Barahona, dans le quotidien conservateur et catholique ABC. "La polémique au sujet de l'avortement se poursuit avec les positions hostiles de divers secteurs de la société. Des associations