Maupassant
Contes du jour et de la nuit
Gallimard
Collection Folio
Transcription en gros caractères (arial 16) / par le Centre de Rééducation pour Déficients Visuels
30 rue Sainte-Rose - 63038 Clermont-ferrand Cedex 1
Septembre 2004
Édition présentée et annotée par Pierre Reboul
PRÉFACE
"Je vis dans une absolue solitude de pensée et je n'ai guère que des amis littéraires avec lesquels je cause surtout du côté technique de l'art. Je ne pense comme personne, je ne sens comme personne, je ne raisonne comme personne."
Lettre à Gisèle d'Estoc (janvier 1881).
Croire, tout de go, ce qu'un homme écrit à une femme serait naïf. Mais je me révèle mieux, peut-être, dans mes prudences, mes dissimilations ou mes mensonges qu'à proférer mes quatre pauvres vérités. N'oublions pas les phrases mises ainsi en épigraphe : les Contes du jour et de la nuit nous y ramèneront quand les montages, les collages, les frottages de Maupassant, quand le parfum composite et bizarre des « textes » évoqueront, à notre flair de lecteurs, le labeur hâtif et attentif de celui qui, dans cette lettre à une Gisèle d'Estoc encore inconnue, revendique une intime originalité, comme un irrécusable don de sa nature et de sa volonté.
Des contes : à côté de ses romans, sans oublier un volume de vers ni même des pièces de théâtre, Maupassant a publié des centaines d'OEuvres fictives courtes et des centaines de chroniques, le tout, en quelques rares années. « Il s'assied, chaque matin, devant son bureau, avec la régularité d'un employé », écrit méchamment Champsaur (repris dans Le Massacre, en 1884).
Il n'en attendait pas moins plus de gloire de ses romans que de ses histoires courtes : quand il eut acquis fortune et considération, il en diminua, sensiblement, le débit. Ce journalisme de la création assure l'aisance d'un jeune écrivain qui a connu longtemps, sinon la misère, une médiocrité dépourvue d'or : « Tout journal qui se respecte paye aujourd'hui deux cents à deux cent cinquante francs