Moliere Acte IV
DOM JUAN, M. DIMANCHE, SGANARELLE
DOM JUAN, faisant de grandes civilités.- Ah, Monsieur Dimanche, approchez. Que je suis ravi de vous voir, et que je veux de mal à mes gens de ne vous pas faire entrer d’abord [3] ! J’avais donné ordre qu’on ne me fît parler personne, mais cet ordre n’est pas pour vous, et vous êtes en droit de ne trouver jamais de porte fermée chez moi.
M. DIMANCHE.- Monsieur, je vous suis fort obligé.
DOM JUAN, parlant à ses laquais.- Parbleu, coquins, je vous apprendrai à laisser M. Dimanche dans une antichambre, et je vous ferai connaître les gens.
M. DIMANCHE.- Monsieur, cela n’est rien.
DOM JUAN.- Comment ? vous dire que je n’y suis pas, à M. Dimanche, au meilleur de mes amis ?
M. DIMANCHE.- Monsieur, je suis votre serviteur. J’étais venu...
DOM JUAN.- Allons vite, un siège pour M. Dimanche.
M. DIMANCHE.- Monsieur, je suis bien comme cela.
DOM JUAN.- Point, point, je veux que vous soyez assis contre moi [5] .
M. DIMANCHE.- Cela n’est point nécessaire.
DOM JUAN.- Ôtez ce pliant, et apportez un fauteuil.
M. DIMANCHE.- Monsieur, vous vous moquez, et...
DOM JUAN.- Non, non, je sais ce que je vous dois, et je ne veux point qu’on mette de différence entre nous deux.
M. DIMANCHE.- Monsieur...
DOM JUAN.- Allons, asseyez-vous.
M. DIMANCHE.- Il n’est pas besoin, Monsieur, et je n’ai qu’un mot à vous dire. J’étais...
DOM JUAN.- Mettez-vous là, vous dis-je.
M. DIMANCHE.- Non, Monsieur, je suis bien, je viens pour...
DOM JUAN.- Non, je ne vous écoute point si vous n’êtes assis.
M. DIMANCHE.- Monsieur, je fais ce que vous voulez. Je...
DOM JUAN.- Parbleu, Monsieur Dimanche, vous vous portez bien.
M. DIMANCHE.- Oui, Monsieur, pour vous rendre service. Je suis venu...
DOM JUAN.- Vous avez un fonds de santé admirable, des lèvres fraîches, un teint vermeil, et des yeux vifs.
M. DIMANCHE.- Je voudrais bien...
DOM JUAN.- Comment se porte Madame Dimanche, votre épouse ?
M. DIMANCHE.- Fort bien, Monsieur, Dieu merci.
DOM JUAN.- C’est une brave