Moliere seducteur
VUS PAR LA CRITIQUE.
François Rémond (Université Paris III – Sorbonne Nouvelle).
En premier lieu, il paraît important de définir précisément le concept de séduction : Dans la langue courante contemporaine, le terme possède une axiologie majoritairement positive (1) :
Le Sens propre distingue un sens « littéraire ou plaisant » : « En Parlant d’un homme, amener (une femme) à lui accorder ses faveurs hors mariage » et une extension de sens moderne précisément
« sans connotations défavorables » : « Plaire à (qqn) et en obtenir amour ou faveurs ». Le sens figuré possède deux connotations : l’une concernant les êtres humains : Conquérir l’admiration, l’estime, la confiance de (qqn), avec, cependant une légère réserve : « Convaincre par le charme, la persuasion, le savoir-faire, fût-ce en créant l’illusion ; l’autre sens, concernant les inanimés se résume a un synonyme de « Captiver, Charmer ».
A l’inverse dans les grands dictionnaires de la fin du XVII° siècles, le verbe séduire et ses dérivés sont nettement connotés négativement.(2)
Ainsi, Richelet (1680) :
« Seducteur, s.m. Qui trompe quelqu’un en ce qui regarde la Religion ou les mœurs »
Même connotation exclusivement religieuse chez Furetière (1690)
« Séducteur adj et s.m. Qui trompe, qui abuse les peuples, ou les particuliers ; L’Ecriture appelle le
Diable, L’Esprit Séducteur. Mahomet a été le séducteur de tout l’orient »
Séduire est donc faire l’œuvre du diable, c’est à dire précisément « Abuser quelqu’un, luy persuader de faire le mal, ou luy mettre dans l’esprit quelque mauvaise doctrine » précise Furetière avant des exemples ou sont désignés comme séducteurs le Serpent d’Eden et Luther et Calvin.
Même connotation « hérétique » chez Trévoux (1704) qui donne pour traductions de Séducteur :
Corruptor, Impostor.
En revanche ; le dictionnaire de l’Académie Française (1694) distingue nettement la séduction qui regarde les affaires de la foi et la séduction érotique :
« Séduire