Mouvement s
Les nouveaux mouvements sociaux
Dubet, François ((1993)), « Les nouveaux mouvements sociaux », Paris, PUF, coll. ''in François Chazel (dir), Action collective et mouvements sociaux", p. 61-63
Le thème des "nouveaux mouvements sociaux" émerge au milieu des années soixante au moment où le mouvement ouvrier qui était situé au creux de la société industrielle ne semble plus avoir le monopole des grandes mobilisations sociales. On désigne alors les objets les plus divers, du moment qu'ils se distinguent de la figure classique du mouvement ouvrier : mouvements noirs et luttes étudiantes aux Etats-Unis, et, partout, mouvements écologistes, féministes, régionalistes, pacifistes. Ces mouvements ne concernent plus directement les problèmes de la production et de l'économie, ils se situent dans le champ de la culture, de la sociabilité, de la ville, des valeurs, et paraissent bousculer les formes classiques de gestion du conflit social et de la représentation politique, ils mettent aussi en scène de nouveaux acteurs comme les "minorités », les femmes, les jeunes, les classes moyennes fortement scolarisées. De manière très schématique, il apparaît aussi que la sociologie des nouveaux mouvements sociaux est associée à une critique des paradigmes jusque-là dominants de la sociologie : le structuro-fonctionnalisme et le marxisme. Ces "nouvelles » perspectives sociologiques, en insistant sur la rationalité des acteurs et sur la nouveauté des enjeux, s'efforcent de montrer que les nouvelles luttes ne se réduisent pas seulement à des conduites de crise. Dans ces années où naissent ces nouvelles luttes sociales, on s'interroge pour savoir si ces mouvements sont liés par quelque principe unique, comme le fut le mouvement ouvrier, ou s'ils relèvent de problèmes spécifiques, indépendants les uns des autres. Il s'agit alors de savoir si ces mouvements indiquent une mutation vers un nouveau type de société, ou s'ils ne