Mythe de prométhée
Protagoras, pour réfuter Socrate point par point, se lance alors dans un discours magistral et captivant.
Pour le premier argument, le sophiste a recours à la mythologie grecque, en contant la légende de Prométhée et de son frère Épiméthée. Chargé par les dieux, à la création du monde, de distribuer les qualités et les dons physiques parmi les êtres vivants, Epiméthée oublia de pourvoir convenablement l’homme, resté nu et sans défense. Prométhée, pour réparer l’erreur de son frère, alla voler les secrets du feu et des arts à Héphaïstos et Athéna. Pour éviter que les hommes, détenteurs de ces nouveaux pouvoirs, n’en viennent à s’entretuer, Zeus leur accorda aussi à tous les sentiments de la pudeur et de la justice, fondateurs de la conscience politique et de la vie en communauté. C’est la raison pour laquelle chaque homme a en lui la notion de la politique et peut facilement exprimer une opinion à ce sujet.
Par ailleurs, souligne Protagoras, toute société humaine tend à punir les hommes ayant fait preuve d’injustice et de perversion vis-à-vis du reste de la communauté. Le châtiment du coupable est alors censé servir d’exemple, et enseigner la vertu tant à l’intéressé qu’aux autres citoyens.
Si, enfin, les fils des grands hommes politiques ne sont souvent pas à la hauteur de leurs parents, c’est tout simplement qu’ils sont moins doués. Toutefois, de même qu’un mauvais joueur de flûte sera malgré tout meilleur que quelqu’un n’en ayant jamais fait, les citoyens grecs pauvres en vertu paraîtront tout de même des modèles de sagesse par rapport aux barbares des contrées lointaines n’ayant, eux, jamais reçu d’enseignement de la vertu.
Protagoras clôt son argumentation en comparant la vertu à une langue maternelle : si on peut apprendre cette dernière sans maître particulier (simplement en écoutant et imitant), ce n'est pour autant pas une raison pour affirmer qu'elle n'est pas un savoir susceptible d'être