Mythologie
Les mythologies personnelles dans les années 70 : la naissance de l’esthétique de soi Dr. Magali Nachtergael, Université Paris 7 – Diderot / Johns Hopkins University
L’expression « mythologie personnelle » ou « individuelle » est aujourd’hui presque entrée dans le vocabulaire courant. Bien souvent, elle est utilisée pour désigner les incertitudes qui planent autour des données biographiques d’un personnage célèbre. Si l’on ne sait exactement en quelle année est né Michel Houellebecq, le biographe commentera cette imprécision en la qualifiant de « mythologie personnelle ». Mais comment se manifeste formellement une mythologie personnelle ? où et comment s’élabore-t-elle ? quelle valeur a une « mythologie » si elle se réduit à un individu ? En
hal-00558561, version 1 - 22 Jan 2011
effet, la mythologie ne devrait-elle pas se présenter comme un récit fondateur propre à une culture entière, à une civilisation ? et pourquoi les années 70 révèlent-elles un tournant dans ce processus de mythologisation de soi au point de devenir un objet esthétique ? En guise de préambule, je replacerai mon propos dans une perspective sociologique et tenterai de montrer en quoi la notion de « mythologie individuelle » se construit historiquement dans la période moderne, à partir de l’avènement de la bourgeoisie comme classe dominante mais privée de mythe fondateur. Ensuite, je présenterai les symptômes de cette mythologisation de l’individu dans les années 70 à travers des exemples de pratiques esthétiques, combinant un récit de vie, généralement fragmentaire avec des représentations visuelles comparables à celles utilisées par les médias de masse. Mais tout d’abord, je voudrais dialectiser le rapport entre grande et petite mythologie, ou encore mythologie classique et moderne ou même mythologie quotidienne et individuelle.
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