Napoleon
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Un humaniste français à la découverte de Constantinople, le voyage en Grèce de Pierre Gilles (1544-1550)
B. Doumerc, professeur à l’Université de Toulouse le Mirail
Au début du seizième siècle, l’Europe a les yeux tournés vers les nouvelles routes maritimes qui conduisent les voyageurs vers les Indes occidentales et orientales. En France, le contexte politique pousse François 1er à conclure des traités de paix et de commerce avec le représentant d’une puissance conquérante en Méditerranée, le sultan Soliman I le Législateur, nommé le Magnifique en Occident (1520-1566). A cette époque, des Français de plus en plus hal-00567429, version 1 - 21 Feb 2011 nombreux redécouvrent l’Orient, partis au service des princes, ambassadeurs ou légats, et laissent des témoignages irremplaçables décrivant l’évolution d’une époque de transition entre la fin d’un monde gréco-byzantin et l’apparition de la brillante civilisation ottomane aux marges de l’Europe chrétienne. Désormais le Turc est apprécié à sa juste valeur, les Humanistes français et italiens, par exemple, ne considèrent plus les sultans comme des tyrans cruels et illettrés1. Devenu « un grand seigneur » reconnu comme tel par les princes d’Occident, Soliman I entre dans l’histoire comme le bâtisseur d’une capitale rénovée : Istanbul. Un humaniste italien, lui aussi bien méconnu aujourd’hui, Paolo Giovio (Paul Jove, 1483-1552), écrivait dans L’Histoire de son temps, que le témoignage devient la base de la réflexion historique, c’est pour cela qu’il insiste longuement sur la position politique du roi de France et de la république de Venise. Son intérêt pour la civilisation turque se retrouve dans plusieurs de ses ouvrages en particulier le Commentario de le cose de’ Turchi publié en 15352. Le mouvement des idées évoluait entre reconnaissance de la force des Ottomans et crainte de leurs ambitions.