La situation se déroule dans un hôpital, dans une unité de soins en pneumologie adulte, en fin de service vers 19h30. J'effectue le tour pour dispenser les traitements per os des patients, accompagnée de l'infirmière. Le service est composé de quelques lits consacrés aux soins palliatifs dont celui de M. X. Le soigné est un jeune homme de 35 ans, hospitalisé en pneumologie pour insuffisance respiratoire. Le patient est accompagné de ses deux enfants de 5 et 6 ans et de sa femme. Il est atteint d'un cancer à un stade avancé. Il semble détendu et devise facilement avec le personnel soignant. M. X est arrivé aux urgences en fin de matinée, a été vu par l'interne, puis a été transféré en service de pneumologie où il est régulièrement hospitalisé. Il est suivi par un des pneumologues du service. A son arrivée, la prise des constantes révèle une insuffisance respiratoire avec une saturation anormalement basse. Avant de commencer les soins, l'infirmière et moi-même demandons à la famille de sortir. Sa femme en profite pour dire au revoir à ses enfants car elle souhaite dormir aux côtés de son mari étant consciente du diagnostic pessimiste de celui-ci. Elle leur explique en quittant la chambre que ce soir elle dormira aux côtés de leur papa et qu'eux irons dormir chez leur grand mère. Témoins de cette scène, l'infirmière et moi-même, nous regardons, émues par la scène que nous venons de voir. En sortant de la chambre, l'infirmière se met à sangloter et me demande si je peux effectuer la fin du tour seule car elle s'est identifiée à la scène que nous venons de vivre. Également âgée de 35 ans, maman de deux enfants en bas âge, elle se dit que son patient est trop jeune pour mourir. Je me permets de lui appliquer une tape amicale sur l'épaule et je m'en vais rendre visite aux derniers patients qui n'ont pas reçus leur traitement. A la fin de mon service, je m'interroge. Mon questionnement se porte sur les émotions au cours des soins, le rôle infirmier en soins palliatifs,