Notre pensée est-elle prisonnière de la langue que nous parlons ?
• Prendre 1'"expression « nos pensées » au sérieux : il ne s'agit pas seulement d'évoquer quelques situations quotidiennes dans lesquelles « on ne pense pas vraiment ce qu'on a dit » (la colère, la scène de ménage...).
• Quels facteurs peuvent produire un écart entre ce que je pense et ce que je dis ? Cela témoigne-t-il d'une insuffisance de ma pensée ou d'un excès de mon langage ?
• D'où provient le surplus de sens ? Sans doute des mots, mais pourquoi ? Qu'y a-t-il dans les mots et dans leur usage qui déborde ma capacité de contrôle ?
Si la langue, selon le mot d'Ésope, est la meilleure et la pire des choses, c'est sans doute parce qu'elle évite à notre pensée de rester confinée dans l'incommunicabilité et qu'elle lui impose en même temps la perte de son authenticité singulière. Ainsi, à peine proférées, nos paroles semblent dépasser par leurs effets le but que nous leur avions fixé : la transmission fidèle de nos pensées. L'autre, destinataire du message, a compris autre chose. Mais aurait-il compris quoi que ce soit si son for intérieur avait été brusquement uni au mien? Le dépassement de notre pensée par nos paroles ne peut-il être pensé autrement que comme échec de la communication? Il faudrait pour cela situer ce dépassement par rapport à l'équivocité du langage, le justifier relativement à la singularité de la pensée, et reconnaître en lui une condition de possibilité de l'expression.
Caractère de ce qui est singulier, unique.
Acte par lequel la partie lésée porte l'infraction à la connaissance du procureur de la