Oedipe
En termes psychologiques, ce qui peut sans doute caractériser le mieux Œdipe est la colère : avec Tirésias, avec Créon, avec l’homme qui lui suggère qu’il est un " enfant supposé ". Mais on peut se demander si toutes ces colères distinguent vraiment Œdipe des autres personnages. Peut-on leur faire jouer, en d'autres termes, le rôle différentiel qu’appelle la notion même de " caractère " ? De fait, la " colère " est partout présente dans le mythe.
* Déjà, sans doute, c'est une sourde colère qui a incité le compagnon de Corinthe à jeter le doute sur la naissance du héros. * C'est la colère, au carrefour fatal, qui conduit Laïos, le premier, à lever une arme contre son fils (54). * Et c'est à une première colère antérieure forcément à toutes celles d’Œdipe, qu’il faut attribuer la décision paternelle de se défaire de ce même fils.
Tirésias et Créon conservent un moment leur sang-froid. Mais leur sérénité initiale a sa contrepartie dans la sérénité d'Œdipe lui-même, au cours de la première scène. C'est toujours, en vérité, à une alternance de sérénité et de colère qu'on a affaire. La seule différence entre Œdipe et ses adversaires vient de ce qu'Œdipe est le premier à entrer dans le jeu, sur le plan scénique de la tragédie. Il a donc toujours une certaine avance sur ses partenaires :
* avec Tirésias, faire parler, faire taire, faire sortir, en réponse à la parole du devin qui est une parole qui tue. * avec Créon, schéma de l’affrontement et de l’éviction, de la prise de parole (Œdipe veut parler à la place de Créon, lui souffler les mots qu’il veut lui entendre prononcer).
Tous les protagonistes occupent