Omar saâdoune ou « le flux déchaîné »
On a tendance à considérer l’oeuvre d’art dans sa qualité de finition, dans son achèvement, et l’on oublie de ce fait que l’œuvre a du connaître une genèse qui lui a permis d’être ce qu’elle est ! Les artistes connaissant bien ce plaisir car ils le vivent au quotidien. Le fruit peut-être beau, mais c’est dans et à travers le processus de création que l’on peut parler de vrai plaisir. Et celui-ci devient privilège si l’on a la chance de voir l’artiste à l’oeuvre, et de partager ses moments de travail, de jeu, et de combat.
Omar Saâdoune parle souvent d’acte de peindre, un acte qui prendrait chez lui valeur de défi au vécu, car la fin de la peinture signifierait pour lui la fin de tout. Dans ses souvenirs, Omar Saâdoune garde en mémoire ces matinées qu’enfant, il passait entre les femmes de sa Hawma, à appliquer la chaux sur les murs des façades, dans la joie, la liberté, et le bonheur de n’être ni réprimandé, ni interdit... La fascination pouvait très bien venir de là ! de ces successions de couleurs bleues et blanches, alternativement superposées, rendues plus riches et plus attrayantes par les effets successifs et quotidiens des intempéries, qui, dans leur passivité acceptaient le sort de n’être exposées que l’espace de quelques jours, voire une semaine ou deux, pour subir encore une fois la terrible action de l’effacement et de l’estompage.
Cette liberté tant chère à Omar Saâdoune, c’est ce qu’il s’évertue à garder de plus précieux, de plus fort, de plus important, de plus solide, mais surtout, de plus substantiels dans toutes ses œuvres ! Il n’est pas rare de surprendre Omar Saâdoune travailler simultanément sur plusieurs œuvres à la fois ! La création est un flux, et le flux est rarement contrôlable ! Parce qu’il est synonyme d’explosion, et donc d’emportement et de déchaînement.. Une fureur intérieure qui jaillit avec véhémence, promptitude, et vivacité, et que seules les limites naturelles, imposées par le format