ousmane sembene
En 1966, Ousmane Sembène, auteur et cinéaste autodidacte sénégalais, participe au premier Festival Mondial des Arts Nègres avec deux films : Niayé, un court métrage adapté de sa nouvelle Véhi-Ciosane (Présence africaine, 1966), consacrée comme le meilleur ouvrage qu’ait jamais donné un écrivain africain, et La Noire de…, film tiré de son recueil de nouvelles intitulé Voltaïques (Présence africaine, 1962). Ce dernier lui a valu de nombreuses consécrations, aussi bien lors du Festival, où il reçoit L’Antilope d’Argent et le prix Jean Vigo, qu’à l’échelle même du continent quand, dans le courant de cette même année, il obtient le Tanit d’Or à Carthage.
1 Ousmane Sembène, Ô Pays, mon beau peuple, Paris, Éd. Amiot Dumont, 1957.
2 Ousmane Sembène, Bouts de bois de Dieu, Paris, Le livre contemporain, 1960.
2C’est précisément de 1962 que datent les prémices de cette interférence incessante entre œuvre littéraire et œuvre cinématographique qui caractérise l’activité d’Ousmane Sembène, certains aspects de son écriture trouvant à se réinvestir chez le Sembène cinéaste. En 1962, voilà plus de dix ans qu’Ousmane Sembène s’est attaqué à l’art d’écrire. Sa première publication remonte à 1956, où il fait paraître un roman largement autobiographique où, en traitant de son expérience de docker à Marseille, il trouve moyen d’aborder des questions relatives à l’immigration et à la visibilité des minorités dans la société française de l’époque, souvent traitées alors avec condescendance. L’année 1957 voit la naissance de son second opus, Ô Pays, mon beau peuple, l’histoire d’un jeune Africain, Oumar Faye, que ses attaches avec l’Occident – à commencer par son mariage – n’ont pu retenir de répondre à l’appel de sa Casamance natale. Rien n’y est simple pour autant, puisque toutes ses tentatives pour dépasser les difficultés du quotidien en revivifiant la vie villageoise se soldent par un échec, sa fin tragique valant paradigme pour