Le paradigme dicte, par conséquent, des restrictions expérimentales et théoriques à celui qui voudrait résoudre des énigmes dans le cadre de la science normale.
En résumé, le paradigme a deux fonctions au cours de la science normale :
1) Il est, d’une part, au début, un simple instrument pour résoudre les questions immédiates. 2) Il se présente, d’autre part, par la suite, comme un moyen de liquider les énigmes qui apparaissent à l’homme de science au cours de ses recherches. On peut dire que, dans les deux cas, il passe pour le fondateur (au sens général) des études normales. Que l’auteur insiste beaucoup, dans son texte, sur l’étroite relation entre le paradigme et la science normale ne doit donc pas nous étonner.

Cependant, en général, le paradigme résiste à de tels assauts contraires (même si les exemples donnés plaident, selon Kuhn, en faveur du changement). Il y a toujours des désaccords de ce genre à l’intérieur du développement de la science normale, et même ceux qui sont les plus ancrés finissent par s’inscrire dans les limites du paradigme en vigueur, dira-t-il, en substance, plus loin. C’est l’occasion, pour notre auteur, de rejeter la thèse poppérienne de la falsification, qui ne tient pas compte de la nécessité des contre-exemples dans une théorie9.
L’invention de théories inédites va avoir un rôle encore plus grand dans les perturbations causées au paradigme en place et dans l’avenir de celui-ci. L’écrivain précise, en effet, qu’on est ici au niveau d’un degré plus important de dérangement. Il donne ensuite des exemples qui concernent la révolution copernicienne, la physique de
Galilée et la théorie newtonienne de la lumière et des couleurs pour montrer que tous ces paradigmes étaient précédés d’irrégularités théoriques très graves.
Mais l’auteur ne croit pas que ces dernières entraînent obligatoirement et automatiquement la modification du paradigme. Il pense, en revanche, que la conséquence en est l’apparition de crises