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(Des pistes pour une didactique de la critique littéraire)
Urbain Amoa Université Charles-Louis de Montesquieu, Abidjan - Côte d’Ivoire amoa_lifep@yahoo.fr Synergies Pologne n°6 - 2009 pp. 125-134
« Peuples ! écoutez le poète ! Ecoutez le rêveur sacré ! (…) Homme, il est doux comme une femme. Dieu parle à voix basse à son âme Comme aux forêts et comme aux flots. (…) Car la poésie est l’étoile Qui mène à Dieu rois et pasteurs »
Victor Hugo, Les Rayons et les Ombres, 1 ; 25 mars-1er avril 1839
Résumé : Par ces vers, Victor Hugo convie le lecteur à une réflexion sur l’invisible : ‘’rêveur sacré’’, ‘’Dieu parle à voix basse à son âme’’, ‘’la poésie est l’étoile ‘’Dieu – rois –pasteurs’’. L’humain se métamorphose en divin et, au fil des ans et de la puissance des longues heures et nuits de méditation, le taux de divin qui habite en l’humain s’accentue jusqu’à atteindre 70%, 80% voire plus. L’humain devient alors divin. C’est justement cette dose de sagesse qui réside en l’âme du texte puisque le texte, le bon texte, le texte du bon ou de l’excellent créateur, par Dieu créé, est – et n’est qu’une projection du divin sur l’humain. Dès lors, il est en tout texte une âme, c’est-à-dire cette charge mythique et mystique qui mène le lecteur jusqu’à le contraindre à lire et à tout lire pour comprendre et sentir, ou à lire (à écouter), à sentir et à s’obliger à comprendre… si l’on veut ! Sentir, ici aura suffi. Cette vision de l’objet de la littérature ou du fait littéraire justifie donc que la critique littéraire aille au-delà des pétitions de principe, telle l’évocation du non-dit qui sourd des idées (thèmes) et du style (écriture), pour atteindre l’objet de vibration du Sentir qu’est la mystique du texte c’est-à-dire le spirituel – mais non la manifestation de la religiosité, un risque majeur de dogmatisme – qui parcourt le texte. Tel est le sens de la réflexion sur la