Pastel fauve
Pierre, « le genre petit rockeur débraillé » (p. 16) et Paloma qui ne sait pas « si [elle] préfère les tons pastels ou les couleurs fauves » (p. 14) se lancent dans une parade amoureuse tortueuse et violente, aux accents de tango, sur le son débridé des rocks des années 1960. Du haut de leur adolescence insolente, ils explorent les arcanes pernicieuses du carré amoureux, reformant pour quelques heures un cercle d’amis d’enfance déjà dissout. L’innocence est désormais souillée et sublimée par le désir.
La soirée du réveillon, si fraîche à ses débuts, simple et grave badinage de deux enfants amoureux, tourne à l’équipée nocturne quand Paloma et Pierre prennent la mer pour une île indistincte. En voulant recréer l’utopie romantique de Paul et Virginie, ils ne font que mettre en scène la vie au lieu de la vivre.
La jeunesse est fascinée par ce qui brille et surtout par les étoiles noires. Paloma entretient une fascination vaguement amoureuse pour Peter Doherty. Peter/Pierre, le parallèle est aisé et l’on sait qui est au coeur des fantasmes de l’adolescente. Pierre joue à l’homme en fumant et buvant, nécessaire mais dangereuse exploration des paradis où les sensations qui, pour être plus puissantes, ne sont que mensonges. La désinvolture forcée des personnages se mêle à la fraîcheur noire de l’adolescence. On assiste littéralement à un moment sur le fil, où tout n’est que frange.
La foi en l’avenir est entachée de pessimisme et de