Pauvre piano

484 mots 2 pages
PAUVRE PIANO

Il se sentait terriblement seul, depuis dix longues et épuisantes années qu’il était enfermé dans cette immense pièce dépourvue d’ornement, aux murs et plafonds blancs et au sol qui avait emmagasiné la poussière avec le temps. Cette même pièce qui autrefois avait accueilli les plus grands pianistes tels que Pearl Vambrace, Ray Lema, Alain Lefèvre, Keith Jarrett ou même Christian Leotta. Autrefois, il avait connu la gloire, la richesse, le luxe, le plaisir d’avoir un compositeur et une compositrice qui étaient dévoués à lui. Mais ensuite... je ne peux raconter ce qui est arrivé dans cette maison.

Donc, dix ans s’étaient écoulés, puis un jour, il entendit à nouveau du bruit dans la maison. L’excitation monta en lui, les pas se rapprochaient de plus en plus. Puis, quelqu’un ouvrit la porte. C’était une jeune fille d’une beauté éclatante, dans la mi-vingtaine, elle avait de beaux cheveux blond comme le blé doré, sa peau était blanche comme de la porcelaine et ses yeux étaient d’un bleu si profond, si pur et si sombre qu’on aurait pu croire qu’ils étaient des lacs dans lesquels on aurait voulu se baigner. Elle était vêtue d’une robe blanche vaporeuse, brodée de dessin japonais, à encolure bateau et presque transparente. Elle s’appelait Éloïse de Devas.

Elle s’approcha de lui, s’assi sur son banc, souleva son couvercle fait en bois de cerisier et commença à jouer le Concerto pour piano en ut mineur de Mozart, dont la mélodie l’envahit et l’emporta. Elle joua pendant ce qui lui parut être des heures et des heures, puis s’interrompit net. Une larme lui coula de l’œil droit, puis une autre. Ce n’était pas des larmes de tristesse, mais bien des larmes de joie, il le sut tout de suite puisqu’elle sourit de ses lèvres magnifiques. Elle caressa son clavier, puis referma son couvercle, elle partit la tête baissé, mais le dos droit et fière. Pendant plusieurs jours, il ne la vit plus. Puis...

« Que vais-je faire? J’aime

en relation