Peut-on être objectif avec soi-même ?
S’interroger sur la possibilité d’un jugement objectif sur soi-même, c’est poser la question de la valeur de vérité de ce jugement. En effet l’objectivité suppose une distance et une neutralité grâce auxquelles la conscience ne transforme pas à sa guise la réalité. L’astronome qui cherche à connaître la position et la distance d’une étoile fait taire sa subjectivité au profit de l’objectivité des calculs mathématiques et des lois de l’astrophysique. Peut-on être pour soi-même un tel objet de connaissance ? Le fait même que le sujet porte un jugement, non sur un objet extérieur comme c’est le cas de l’astronome, mais sur lui-même semble interdire toute objectivité. Ne suis-je pas en effet le plus mal placé pour me connaître en toute impartialité ? Cela nous conduit à considérer le problème dont il est question ici. La conscience serait donc à la fois la condition de possibilité de la connaissance du réel et ce qui interdit la connaissance objective de soi. Il sera question de se demander si le moi peut répondre aux conditions de l’objectivité que nous aurons rappelées. N’est-ce pas illusoire de penser que le sujet pourrait s’appréhender de façon objective comme un objet de connaissance ? La vérité sur le sujet ne doit-elle pas passer par un médiateur impartial ? Nous nous demanderons dans un dernier temps si l’échec de connaissance objective de soi ne signifie pas que les vérités du sujet sont proprement subjectives.
Un jugement objectif est l’affirmation neutre d’un sujet à propos d’un objet. L’esprit qui ne voit pas les choses telles qu’elles sont mais en étant influencé par ses préférences ou ses habitudes n’est pas objectif. Le sujet peut se prendre lui-même comme objet. Il peut se représenter son moi tout comme il se représente le monde extérieur. Cette réflexivité lui vient de sa conscience qui est une fenêtre sur le monde et sur lui-même. Elle suppose une