philo
Jean-Jacques Rousseau
Du contrat social
Livre I
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obéit, il fait bien ; sitôt qu’il peut secouer le joug, et qu’il le secoue, il fait encore mieux : car, recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou on ne l’était point à la lui ôter ». Mais l’ordre social est un droit sacré qui sert de base à tous les autres.
Cependant, ce droit ne vient point de la nature ; il est donc
Avertissement
fondé sur des conventions. Il s’agit de savoir quelles sont ces conventions. Avant d’en venir là, je dois établir ce que
Ce petit traité est extrait d’un ouvrage plus étendu, entre- je viens d’avancer. pris autrefois sans avoir consulté mes forces, et abandonné depuis longtemps. Des divers morceaux qu’on pouvait tirer de ce qui était fait, celui-ci est le plus considérable, 1.2 Chapitre 1.2 Des premières sociétés et m’a paru le moins indigne d’être offert au public. Le reste n’est déjà plus.
La plus ancienne de toutes les sociétés, et la seule naturelle, est celle de la famille : encore les enfants ne restentils liés au père qu’aussi longtemps qu’ils ont besoin de lui pour se conserver. Sitôt que ce besoin cesse, le lien natu1 Livre I rel se dissout. Les enfants, exempts de l’obéissance qu’ils devaient au père ; le père, exempt des soins qu’il devait
Je veux chercher si, dans l’ordre civil, il peut y avoir aux enfants, rentrent tous également dans l’indépendance. quelque règle d’administration légitime et sûre, en preS’ils continuent de rester unis, ce n’est plus naturellement, nant les hommes tels qu’ils sont, et les lois telles qu’elles c’est volontairement ; et la famille elle-même ne se mainpeuvent être. Je tâcherai d’allier toujours, dans cette retient que par convention. cherche, ce que le droit permet avec ce que l’intérêt prescrit, afin que la justice et l’utilité ne se trouvent point di- Cette liberté commune est une conséquence de la