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Lorsque nous parlons autour de la table de cette Europe pour laquelle nous n'avons pas eu à nous battre, nous essayons de comprendre ce qu'elle est, son histoire, nos privilèges.
Quels privilèges ? Par exemple, celui de nous retrouver pour travailler ensemble : plus de frontières entre nous. À l'inverse, nombreux sont ceux qui, au risque de leur vie, essayent d'entrer sur un territoire dont ils ne cessent d'être chassés. Nous avons la sensation grandissante de vivre dans le ventre chaud d'une Europe protégée par des frontières meurtrières. D'un coté les accords culturels; de l'autre les reconduites à la frontière. À quelles fins ?
Qui sommes-nous donc pour parler de l'Europe ? Nous pouvons en parler de l'intérieur et accueillir à notre table les réflexions de ceux qui ont vu grandir l'Europe et qui ont agi pour sa construction. Qu’ils soient hommes politiques, philosophes, poètes, ou citoyens anonymes, tous peuvent apporter une vision forte de l’être européen. Mais il manque toujours à notre table ceux qui la regardent de l'extérieur pour en donner le revers... Au-delà de ses acteurs internes, l’Europe voit chaque jour des milliers d’autres hommes et femmes avec le désir d'intégrer l’aventure européenne, arrêtés sur les côtes de son territoire. Il nous apparaît comme évident de travailler avec cet autre : figure communément désigné comme celle de l’étranger. Cette absence, ce rejet de l'autre, nous le ressentons comme une injustice qui continue d'aiguiser notre conscience de ce qu'est l'Union