Depuis le concile Vatican II, la théologie des religions s'est de plus en plus imposée sur l'avant-scène de la réflexion théologique. Des questions souvent radicales sont désormais posées qui ont trait au rapport mutuel entre les différentes fois religieuses. Des positions contrastées, voire contradictoires, s'affrontent. La problématique du lendemain du concile a elle-même évolué. Elle débouche aujourd'hui sur la recherche du sens, sur le plan divin, de la pluralité religieuse qui caractérise le monde actuel et ne cessera de marquer celui de demain. La théologie des religions devient une théologie du pluralisme religieux, voire une théologie interreligieuse.

Dans ce contexte renouvelé, le présent ouvrage assume une double tâche. Celle d'abord de brosser un tableau rapide des approches chrétiennes des religions à travers les siècles. Il s'agit là d'une tâche quelque peu ingrate qui ne peut faire fi du contentieux du passé avant d'aboutir aux ouvertures partielles préconciliaires et conciliaires, mais aussi au débat serré de l'heure présente. Celle ensuite, d'offrir une clé herméneutique qui, du point de vue d'une théologie chrétienne, permette de tenir ensemble, en une tension créatrice, l'intégrité de l'identité chrétienne et l'ouverture dialogale aux autres traditions dans le respect des différences. Une telle clé de lecture est fournie par une christologie trinitaire et pneumatique qui tout en professant sans ambiguïté l'identité personnelle de Jésus-Christ comme Fils de Dieu, est sensible à la particularité de l'événement qui l'inscrit de façon relationnelle dans l'histoire englobante de Dieu avec l'humanité. La présence et l'action universelle du Verbe de Dieu et de son Esprit font de l'histoire des peuples le « récit de Dieu ». C'est dans ce récit global que s'inscrit la signification universelle de l'événement