POEMES

365 mots 2 pages
L’autre jour que j’étais sur le haut d’un degré,
Passant, tu m’avisas, et me tournant la vue1,
Tu m’éblouis les yeux, tant j’avais l’âme émue
De me voir en sursaut2 de tes yeux rencontré.

Ton regard dans le cœur, dans le sang m’est entré
Comme un éclat de foudre alors qu’il fend la nue :
J’eus de froid et de chaud la fièvre continue,
D’un si poignant regard mortellement outré3.

Et si ta belle main passant ne m’eût fait signe,
Main blanche, qui se vante être fille d’un cygne,
Je fusse mort, Hélène, aux rayons de tes yeux;

Mais ton signe retint l’âme presque ravie,
Ton œil se contenta d’être victorieux,
Ta main se réjouit de me donner la vie.

(Ronsard, Les Amours, Sonnets pour Hélène, I, 9, 1578)Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle. »
Lors4 vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre, et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux5 je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

(Ronsard, Les Amours, Sonnets pour Hélène, II, 43, 1578)Je n’ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé6,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé,
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.
Apollon et son fils7, deux grands maîtres ensemble,
Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé,
Adieu, plaisant Soleil, mon œil est étoupé8,
Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.
Quel ami me voyant en ce point dépouillé
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lit et me baisant le face,
En essuyant mes yeux par

en relation

  • "Comme on voit sur la branche", pierre de ronsard
    598 mots | 3 pages
  • PIAGET
    994 mots | 4 pages
  • Marie vous avez la joue aussi vermeille
    2195 mots | 9 pages
  • dans le monde de candy
    1812 mots | 8 pages
  • enfance sarraute
    1378 mots | 6 pages
  • HDA Libert Eluard
    815 mots | 4 pages
  • Imaginez la réponse de l'homme ai réquisitoire du juge dans le texte de Cyrano de Bergerac, sous la forme d'un plaidoyer en faveur de l'humanité.
    504 mots | 3 pages
  • Ronsard
    956 mots | 4 pages
  • Petit paragraphe
    338 mots | 2 pages
  • Témoigniage d'une dépressive
    739 mots | 3 pages
  • Aimez moi donc marie ronsard
    1393 mots | 6 pages
  • Q Sur Corpus Poesie Devoir Ndeg2 1
    1168 mots | 5 pages
  • Analyse: Quand vous serez bien vieille de Ronsard
    715 mots | 3 pages
  • POESIE
    1732 mots | 7 pages
  • la bruyere
    2930 mots | 12 pages