« Après 1945, les États ne se sont pas seulement dotés de la panoplie des politiques keynésiennes, ils se sont aussi dotés d’un État développeur dirigeant pleinement l ‘économie. » Élie Cohen, dans Le colbertisme high tech (1983), montre à quel point le dirigisme étatique au sortir de la Seconde Guerre Mondiale était de rigueur, tant sur le plan conjoncturelle ( stop and go) que structurelle (soutien aux champions nationaux, nationalisations,…) . La politique industrielle recouvre d’ailleurs plusieurs instruments de la politique structurelle : institutions appropriées, réglementation et contrôle, incitation par les subventions ou la fiscalité .Toutefois, après 20 ans de disettes en matières de politiques industrielles, le discours est de nouveau à l’honneur notamment car, depuis mars 2000, l’Union Européenne affiche clairement une politique intitulée « stratégie de Lisbonne » visant à faire de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus dynamique du monde », comme en témoigne Michel Voisin dans l’article « La politique industrielle », publié dans la revue Ecoflash (2008).
Plus généralement, peut-on encore parler de politiques industrielles en Europe depuis le grand marché européen de 1993 ? Sont-elles décisives ou insuffisantes ? L’objectif de Lisbonne a-t-il été atteint ? Parviennent-elles à favoriser les externalités positives nécessaires pour inciter les entreprises à produire plus efficacement et à être plus compétitives ? Ou bien, les gouvernements ne sont-ils plus au service de leur secteur manufacturier aujourd’hui ?
Si à l’échelle européenne, les gouvernements sont actifs et efficaces en matière politiques dédiées à l’augmentation de la compétitivité de leur entreprises, les retards et les insuffisances en matière d’avancées technologiques, voire les contraintes du Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) sur les budgets nationaux minorent considérablement le champ d’action des politiques structurelles et les rendent dépassées.