Pour quelle raison les souvenirs d'enfance tiennent-ils une place si importante dans les textes autobiographiques?
L’incipit d’Enfance met en scène deux interlocuteurs dont on ne connaît pas, de prime abord, l’identité. On dit qu’il s’agit d’un incipit in medias res (c’est-à-dire au milieu de l’action ; en l’occurrence au milieu d’une conversation). Ce sont les déictiques « ça », la séquence « évoquer tes souvenirs d’enfance » (l’expression est mise entre guillemets, ce qui signifie que l’interlocuteur reprend l’expression du narrateur principal) et l’adverbe « alors » qui nous montrent que la conversation semble avoir déjà commencé.
Le refus du projet autobiographique traditionnel
Le narrateur principal est « tenté » par l’évocation des souvenirs d’enfance et se défend d’abandonner l’esthétique qu’il a adoptée dans ses précédentes œuvres :
• ___ Mais justement, ce que je crains, cette fois, c’est que ça ne tremble pas… • ___ Rassure-toi pour ce qui est d’être donné… […] je voudrais, avant qu’ils disparaissent… • * Son interlocuteur, le « double », permet au narrateur principal de se justifier sur son projet littéraire, de s’interroger sur ses motivations. En relançant incessamment le dialogue, il contribue à faire naître la vérité sur l’entreprise littéraire et sur les intentions de son interlocuteur. * Dans cet incipit, on n’apprend rien sur l’auteur, contrairement à d’autres textes autobiographiques (voir par exemple l’extrait des Confessions de Rousseau ci-dessous). • Le locuteur et son double
Ils semblent bien se connaître : * Ils se tutoient systématiquement. * Dans plusieurs répliques, la voix narrative manifeste sa connaissance de l’auteur : « comme ces mots te gênent, tu ne les aimes pas ». * Le double connaît l’esthétique littéraire de l’écrivain : « Tu n’as vraiment pas oublié comment c’était là-bas ? […] ». Comme ces deux locuteurs se connaissent bien, le double garantit l’authenticité des propos autobiographiques du narrateur principal car il est présenté dans l’incipit