Pour quoi j'ai manger mon pere
L'auteur réussit à éviter les lourdeurs fréquentes dans les romans consacrés à la préhistoire, tels qu'un langage approximatif ou une situation de faiblesse vis-à-vis des éléments naturels : ici, les hommes préhistoriques utilisent un langage châtié et livrent des réflexions très élaborées. Ils sont pleinement conscients de leur condition et de leur degré d'évolution physique et technique, et la plupart cherchent à évoluer. Cette omniscience des protagonistes est l'une des bases des situations humoristiques du roman, dans la tradition de l'humour anglais.
Certains ont vu dans Pourquoi j'ai mangé mon père une parabole de notre société et des risques liés au contrôle des technologies sensibles, voire de l'énergie nucléaire : l'invention du feu permet de se réchauffer, de cuire les aliments, d'éloigner les prédateurs mais l'incendie a aussi failli coûter la vie à toute la famille. Si cet ouvrage comporte plusieurs niveaux de lecture, il reste surtout très accessible et très drôle, puisqu'il nous offre un regard extérieur sur notre société à travers le miroir déformant de l'humour. Ainsi, l'oncle Ian, explorateur, est parti visiter le Sahara ("Des collines verdoyantes qui moutonnent à perte de vue, coupées de larges fleuves, de ruisseaux innombrables où coule une eau fraîche et pure, pullulant de poissons"), l'Espagne, le sud de la France (la Dordogne, où "il y a des rennes à profusion" et où les autochtones "enfouissent leurs morts"), le pourtour méditerranéen, avant d'atteindre la Palestine (qui était "en pleine bagarre entre immigrants d'Afrique et Néandertaliens" : "y a quéque chose dans l'air qui vous rend agressif"...).
Beaucoup de notions scientifiques sont distillées tout au long du récit.