Poème
A ce Printemps perdu où nous nous sommes aimés au bord de la rivière un jour du mois de Mai
A ce Printemps perdu où l’on sent le bonheur quitter cette espérance qu’on laisse et ne voit plus
A ce Printemps perdu et à la renaissance d’une passion si belle
Vie qui n’existe plus
A ce Printemps perdu et aux charmants oiseaux et à ces chants d’idylles belles, mises à nu
A ce Printemps perdu
Comme un beau violon aux cordes abimées
Qu’on n’entendra plus jamais
A ce Printemps perdu et à ces vieilles pierres un jour au coeur des vignes qui ne seront plus là
Elodie Santos, 2008
Avril
Lorsqu’un homme n’a pas d’amour,
Rien du printemps ne l’intéresse ;
Il voit même sans allégresse,
Hirondelles, votre retour ;
Et, devant vos troupes légères
Qui traversent le ciel du soir,
Il songe que d’aucun espoir
Vous n’êtes pour lui messagères.
Chez moi ce spleen a trop duré,
Et quand je voyais dans les nues
Les hirondelles revenues,
Chaque printemps, j’ai bien pleuré.
Mais depuis que toute ma vie
A subi ton charme subtil,
Mignonne, aux promesses d’Avril
Je m’abandonne et me confie.
Depuis qu’un regard bien-aimé
A fait refleurir tout mon être,
Je vous attends à ma fenêtre,
Chères voyageuses de Mai.
Venez, venez vite, hirondelles,
Repeupler l’azur calme et doux,
Car mon désir qui va vers vous
S’accuse de n’avoir pas d’ailes.
François Coppée, Les mois
Biographie
François Coppée est né à Paris le 26 janvier 1842, ce poète parnassien, auteur dramatique, conteur, publia de nombreux recueils et pièces de théâtre. Nommé archiviste de la Comédie-Française en 1878, il démissionna après son élection à l'Académie qui eut lieu le 21 février 1884 en remplacement de Victor de Laprade. François Coppée a prononcé le discours sur les prix de vertu le 16 novembre 1893. En 1898, il entra dans la politique militante à l'occasion du procès célèbre (Dreyfus); il défendit par la plume et par la parole, avec ardeur,