On a souvent reproché aux poètes de se réfugier dans leur tour d’ivoire et dans leurs jeux avec le langage, insensibles aux problèmes et aux douleurs du monde. L’analyse du corpus et votre culture personnelle vous amènent-t-elles à partager ce jugement ?

La poésie est définie comme un travail sur les mots, un art du langage qui chercher à exprimer ou suggérer quelque chose. Les poètes travaillent sur le langage. Mais ils ont différentes façons de l’utiliser.

Beaucoup de poètes ne sont pas engagés. Ils se réfugient dans leur tour d’ivoire et dans leurs jeux de langage. Ils utilisent la poésie pour extérioriser leurs sentiments, notamment avec le registre lyrique, qui se caractérise par l’expression poétique des sentiments, des émotions…

Nous pouvons prendre l’exemple du poète romantique Lamartine avec son poème « Le Lac ». En effet, le poète ne fait pas preuve d’engagement. Il utilise la premier personne du singulier et du pluriel dans certains vers (‘Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges ‘, ‘…je viens seul m'asseoir sur cette pierre’), il utilise les temps du passé, comme l’imparfait et le passé simple (‘Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes’, ‘Du rivage charmé frappèrent les échos ;’). Ceci nous fait penser qu’il évoque des souvenirs qu’il regrette. Il parle aussi de nature (‘Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !’), très fréquent dans ce genre de poème.

Victor Hugo, qui fut un poète engagé, a aussi écrit des poèmes qui n’ont pas le but de dénoncer des faits. Il a effectivement écrit des poèmes sous formes de lettres à Louise Bertin, dans le recueil « Les Contemplations », où il parle de la mort (ici celle de sa fille Léopoldine), thème commun des poèmes non engagés. Dans les différents poèmes au sujet de la mort de Léopoldine, il utilise la première personne du singulier, qui nous montre bien que le poème est personnel et ne cherchait pas à dénoncer ou témoigner d’un sujet qui touche la population en général. Il parle des