Poésie et la musique
Il est ardu de définir la poésie en tant que fin, peut-être parce qu’elle est avant tout un moyen. Claudel affirmait : « Les mots que j’emploie / Ce sont les mots de tous les jours, et ce ne sont point les mêmes ».
Les progrès de la linguistique opérés surtout depuis la deuxième moitié du XIXe siècle avec Ferdinand de Saussure, nous permettent d’affirmer que le langage a deux fonctions essentielles. La première est une fonction utilitaire : le langage sert à communiquer avec autrui ; la deuxième est artistique : l’objet du langage n’est plus la réalité extérieure et sensible, mais lui-même. Le langage se prend alors lui-même comme objet, il joue de ses sons et de ses sens, il cherche à faire œuvre de beauté, de plaisir.
La poésie fait ainsi appel à l’irrationnel, elle est surtout affaire d’intuition, d’associations, de sensibilité, de rêve. C’est une manière nouvelle de voir le monde, hors de toute volonté de domestication à des fins utilitaires. Les mains de l’homme pour Éluard ne sont plus l’instrument de travail qui doit dominer la nature, elles deviennent le signe de l’accord, et « les mains des femmes leur vont comme un gant ». La poésie est fantaisie, émerveillement comme chez Musset comme chez Prévert, où les énumérations qui rapprochent ou séparent de manière inattendue des alliances de mots comiques, des coq-à-l’âne, des ellipses disloquent le réel pour le reconstruire plus tard selon une vision nouvelle très éloignée de nos concepts routiniers.
La poésie est alors accord entre le monde et la sensibilité du poète, comme le disait Henri Lemaître : « L’essence de la poésie (…) c’est peut-être le sentiment continu de correspondances secrètes, soit entre les objets de nos divers sens, formes, couleurs, sons et parfums, soit entre les phénomènes de l’univers physique et ceux du monde moral, ou encore entre les aspects de la nature et les fonctions de l’humanité ».
Pour accéder à cet accord