Le célèbre roman de Mme de Lafayette [1] est, pour l'essentiel, l'histoire d'une âme, celle de Mme de Clèves, et cette histoire est, pour l'essentiel, pour ne pas dire exclusivement, celle de sa passion pour M. de Nemours. C'est cette histoire que ce livre s'emploie à retracer presque pas à pas grâce à des explications suivies, choisies de manière à pouvoir en embrasser tout le cours. Si le très long épisode de la lettre de Mme de Thémines n'a pas donné lieu à une étude spécifique, il n'en a pas moins été très largement évoqué, principalement dans l'étude de l'épisode de l'aveu, et son importance essentielle a été soulignée avec insistance. Quant à l'entretien final entre Mme de Clèves et M. de Nemours, s'il a été évoqué à plusieurs reprises, il n'a pas fait l'objet, lui non plus, d'une étude particulière, car, malgré sa longueur, il ne semble apporter rien de vraiment nouveau, Mme de Clèves ne faisant qu'exposer à M. de Nemours les raisons de son refus de l'épouser, raisons que, pour l'essentiel, nous connaissons déjà. ....On a beaucoup écrit sur La Princesse de Clèves [2] : en effet, si les livres ne sont pas très nombreux [3], les articles sont innombrables. Mais personne ne s'est encore vaiment livré à ce qui, semble-t-il, devrait toujours constituer la première étape de toute démarche critique : l'analyse minutieuse du texte. Trop de critiques, il est vrai, se soucient moins d'éclairer les œuvres que de servir leur carrière en exprimant des points de vue qui ne paraissent nouveaux que parce qu'ils sont en grande partie arbitraires. On s'empresse ainsi de s'interroger sur la philosophie d'un auteur, sur les influences qu'il a subies, ou plutôt, si l'on veut être dans le vent, sur ce qu'il aurait dit sans le savoir, avant d'avoir vraiment regardé de près ce qu'il a effectivement écrit. Ou bien, selon une recette très répandue, beaucoup de critiques prétendent proposer un éclairage nouveau alors qu'ils se contentent d'isoler un aspect de l'œuvre, en le montant