L'homme désire ce qu'il ne possède pas, le manque de quelque chose est pour lui une cause de souffrance. Il parait donc normal que l'homme souhaite combler le manque, en satisfaisant son désir. Pourtant, certains cas rendraient ils impossible la satisfaction de ce désir ? N'y a t-il pas de désirs impossibles à assouvir, ou alors mauvais, qu'il vaut mieux occulter ? Epicure démontre par exemple que certains désirs non naturels et non nécéssaires sont dangereux et empêchent l'homme d'atteindre la sagesse. Cependant, y a-t-il un sens à vouloir maîtriser le désir en sachant qu'il est l'essence de l'homme, le carburant de son existence ? Pour répondre à cela, nous nous demanderons d'abord si satisfaire tous ses désirs est un principe d'existence, puis en quoi est il nécessaire de limiter ses désirs, et pour finir s'il existe une compatibilité entre morale et désir.

Dans le Gorgias de Platon, Calliclès montre que la vertu n'est pas la tempérance, l'obéissance passive à la loi mais au contraire l'excellence dans l'action d'assouvir le plus possible nos désirs, en mettant au service son courage et son intelligence pour se laisser aller à ses désirs et ainsi renverser la hiérarchie platonicienne de l'âme. Cette thèse, bien que réprouvée par la morale commune, est soutenue par Calliclès. Il affirme en effet qu'elle n'est que celle de la "masse des gens", uniquement fabriquée pour tenir en respect les hommes meilleurs, dotés d'une plus forte nature. Assouvir ses désirs est donc une preuve de force et de supériorité. La répression des désirs empêche la vie de s'affirmer comme telle, niant la nature de l'homme. Enfin, tous les désirs devraient être satisfaits. Calliclès n'en exclut aucun. C'est la morale des faibles, "toutes ces belles idées, ces conversations contraires à la nature", qui introduirait une opposition entre les désirs légitimes et ceux qui ne le sont pas.
De la même façon, le Dom Juan de Molière recherche et vit dans le plaisir de l'instant présent, en