Psychothérapie institutionnelle
François Tosquelles et la psychose
« Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c’est l’homme même qui disparaît » (Tosquelles, 1992)
Cela tient beaucoup à la kinesthésie. A une posture, davantage qu’à une parole. A une façon d’habiter l’espace avec l’autre. A un être là. Qui est le « fou » pour moi ? Quel sens je donne à sa folie ? Est-ce que j’accepte ou non d’être impliqué dans ce qui se donne là, à voir et à ressentir, et qui entre souvent dans l’intolérable. Et si interprétation il y a, à quoi et à qui sert-elle ?
La psychose constitue la désagrégation la plus profonde de la personnalité d’un individu. Et parmi les psychoses, la schizophrénie est sans doute celle qui pose la plus grande nécessité d’un cadre institutionnel pertinent. L’inadaptation sociale de certains malades chroniques oblige à penser des structures dans lesquelles ils puissent vivre, en s’appuyant sur un cadre, fait d’autres individus, pour parvenir malgré tout à élaborer une continuité.
La pensée de la folie semble avoir toujours existé, initiée par la philosophie puis développée par la psychologie et la psychanalyse. Les rapports de l’homme avec le fou, et de la société avec cette forme de déviance à la norme que constitue la folie, ont conduit à des stigmatisations et à des décisions politiques souvent arbitraires liées à ces considérations. L’enfermement du malade mental semble avoir aujourd’hui encore conservé cet aspect essentiellement prophylactique qu’il possédait en France à la fin du 19e siècle. Si la pensée de la folie semble avoir toujours existé, celle des institutions est d’apparition bien plus récente, et toujours menacée de disparition. La remise en cause du pouvoir médical, de l’asymétrie entre soigné et soignant, entre homme « fou » et homme « sain », ou « normal », est rendue très fragile par les réactions défensives induites par la rencontre avec la