Que représente la cabane dans le roman et le film « tous les matins du monde » ?
La cabane en bois est à l’image de cette austérité : rustique et disposant d’un mobilier élémentaire, elle est dans un mûrier au fond du jardin. Il fait froid et le seul éclairage est une bougie. Le roman précise que Ste Colombe « restait des heures sur son tabouret, sur un vieux morceau de velours de Gènes vert que ses fesses avaient râpé » (Ch.II)
2 Cette coupure avec le monde est très nettement soulignée dans le film : on voit la construction de la cabane, le déménagement de Ste Colombe aidé par Guignotte et les deux filles, la difficulté de Toinette, la plus jeune, à quitter son père. Il s’agit d’une séparation du monde des vivants et d’une réclusion volontaire : il « s’enferme » et ce terme revient très souvent sous la plume de Quignard.
3 La cabane est en hauteur, puisqu’elle est dans un arbre : « Quatre marches suffisaient à y grimper » dit le roman. Cette impression de hauteur sera soulignée visuellement dans le film. Un plan revient très souvent, montrant l’entrée du domaine du musicien en contre plongée, avec un portail difficile d’accès et d’où sera expulsé sans ménagement Mr. Caignet. On voit aussi M. Caignet devant la cabane, dans un luxueux manteau blanc, affublé de perruque et rubans, et dominé par la stature d’un Ste Colombe en habit noir, l’air sévère et menaçant. Plus tard, le roman montrera Caignet sous la cabane, épiant le musicien. La cabane symbolise le refus de la vie mondaine : Ste Colombe n’est pas à la mode avec « sa fraise » ; il déteste Paris et ses bruits ; il est allé une seule fois à la Cour et refuse violemment les