Question bac
Question:
En quoi peut-on parler de jeu dans chacun de ces textes poétiques?
Les deux poèmes du corpus, tous du XXe siècle, jouent avec les formes et les sens du langage. Ainsi Cendrars compose un sonnet qui joue avec la forme du sonnet ou/et avec son sens pour se moquer de la rigidité de ses règles ou de l'exercice de cirque que représente son élaboration : cf le titre, Académie Médrano, qui était un cirque, ou le jeu sur le saut périlleux, écrit en vers inversé, comme pour assimiler le poète à un acrobate de cirque qui jongle avec les mots et les rythmes. De la même façon, le 2e vers, écrit sur 3 niveaux, ("Un tour de piste / sur un petit basset / noir ou haquenée") mime sur la page l'"entrechat " qu'exécute le poète "avec (s)a langue" dans le vers précédent. Inversement, lorsqu'on lui demande de "mesure(r) les beaux vers mesurés et (de) fixe(r) les formes fixes", le vers est étiré sur une seule ligne, comme au cordeau, comme pour signifier la rigidité de la règle respectée. Mais il dépasse tout de même la limite classique de 12 syllabes, comme si le poète avait joué sur l'élasticité du mètre (cf le titre: "Dix-neuf poèmes élastiques"). Il faut noter aussi l'ironie de la typographie sur "LES BELLES LETTRES": Cendrars joue sur la polysémie de l'expression, qui signifie au sens figuré "la littérature", mais qu'il réduit à son sens propre de lettres de l'alphabet en l'écrivant en lettres capitales et en italiques. Enfin, le poète exprime la matérialité des lettres des affiches en les traçant en gras ("Les affiches se fichent"), et en jouant sur la paronomase entre le mot "affiches" et "fichent" pour signifier la concurrence que les réclames murales, avec leurs couleurs éclatantes, font à la poésie classique, contenue entre les pages des livres. Apollinaire compare lui aussi le poète aux "saltimbanques" qu'il évoque dans son poème, de facture apparemment simple, composé de trois