Questions sur le droit et les institutions de l'eau dans l'Egypte ancienne
Questions sur le droit et les institutions de l’eau dans l’Égypte ancienne
L’ORIG~E,et le la structure
fonctionnement du système ancien de valorisation de l’eau du Nil sont mal connus. Le terme irrigation est d’ailleurs impropre pour qualifier l’ensemble de 1’hydraulique et de l’agriculture antiques : il est préférable d’employer les expressions submersion contrôlée et culture de décrue.
Certes, l’irrigation artificielle au clzadouf ou à la saggia, apparue à l’époque ptolémaïque, a probablement été pratiquée sans discontinuité jusqu’au XVIII~ siècle. Les descriptions du début du X I X ~ siècle montrent qu’elle était encore réservée aux jardins des élites sociales qui se trouvaient sur les bourrelets alluviaux, hors de portée des hautes eaux de l’inondation. En 1830, le principal mode d’artificialisation de l’écosyst&me cultivé est toujours et encore la submersion contrôlée. Ainsi, la production d’aliments de base, le blé et l’orge, ne dépendait pas des instruments d’exhaure (pompage). La vallée et le delta étaient submergés par la crue habilement captée et étalée sur le maximum de superficie possible.
Le changement fondamental de stratégie de l’utilisation des eaux du Nil remonte à
Mohammed Ali, à partir des années 1830-1840. Le gouvernement ne cherche plus seulement à profiter du phénomène prévisible de la remontée des eaux. I1 se consacre désormais à la gestion de l’eau d’étiage, entre février et juin, c’est-à-dire au moment des plus basses eaux : elles sont difficiles à capter dans le système de canalisation des hautes eaux. Dès la fin du X I X ~siècle, le débit moyen d’étiage de 500 n13 / seconde apparaît pour la première fois comme un facteur limitant l’extension d’une culture nouvelle : le coton. En 1964, lors de la dernière crue du Nil, déjà 80 % des terres agricoles avaient été converties à l’irrigation pérenne.
Il faut distinguer la période historique où apparaît une technique, et le moment où elle se généralise.