Recueil de poesie en prose
L'Etranger, dont nous allons étudier un passage, parait en 1942. Ce roman appartient, avec Le Mythe de Sisyphe et Caligula, à la « Trilogie de l'absurde ». Il raconte l'histoire du narrateur et personnage principal, Meursault, qui vit en Algérie française. Un télégramme lui annonce un jour la mort de sa mère ; un peu plus tard, il rencontre Raymond Sintès. S'ensuivent plusieurs évènements qui conduiront Meursault à sa condamnation à mort.
L'extrait de l'œuvre étudié ici se trouve à la toute fin de la première partie, dans son dernier chapitre. Ce texte met en scène Meursault qui, suite à une altercation sur une plage avec deux Arabes en compagnie de son ami Sintès, retourne sur les lieux de la rencontre. Cette fois, il a un revolver en poche. C'est à cet instant que l'un des Arabes survient par hasard.
La scène montre alors comment se mêlent hasard et fatalité dans le cours des évènements. Cette rencontre illustre l'incursion de ces deux thèmes dans le quotidien du personnage.
Texte étudié: « Le meurtre de l'Arabe », L'étranger, Camus :
Dès qu'il m'a vu, il s'est soulevé un peu et a mis la main dans sa poche.
Moi, naturellement, j'ai serré le revolver de Raymond dans mon veston.
Alors de nouveau, il s'est laissé aller en arrière, mais sans retirer la main de sa poche. J'étais assez loin de lui, une dizaine de mètres. Je devinais son regard par instants, entre ses paupières mi-closes. Mais le plus souvent, son image dansait devant mes yeux, dans l'air enflammé. Le bruit des vagues était encore plus paresseux, plus étale qu'à midi. C'était le même soleil, la même lumière sur le même sable qui se prolongeait ici.
Il y avait déjà deux heures que la journée n'avançait plus, deux heures qu'elle avait jeté l'ancre dans un océan de métal bouillant. A l'horizon, un petit vapeur est passé et j'en ai deviné la tache noire au bord de mon regard, parce que je n'avais pas cessé de regarder l'Arabe.
J'ai pensé